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http://www.soirmag.be/actualite/ActuSM/emmanuel-moire-question-d-2009-05-04-704411.shtml
Emmanuel Moire : Question d'equilibreSur ce nouvel album, tout tend à montrer que vous êtes moins lisse qu’il n’y paraît. Les gens se seraient-ils mépris sur votre gentillesse naturelle ?
C’est vrai que les gens attendent de vous que vous vous comportiez comme une star, que vous soyez pédant, arrogant. Moi, je fais des chansons. Je ne suis pas en train de sauver le monde. Je ne changerai plus. Cela dit, je suis peut-être très gentil mais je peux aussi être très désagréable. Si on dépasse certaines limites.
Au-delà de votre image de chanteur romantique, on découvre un personnage plein d’humour. Ainsi, la première chanson de l’album que vous avez titrée “Suite et fin”.
Je n’avais pas forcément de cahier des charges en commençant cet album, mais je voulais qu’il soit “vrai”, du début à la fin. Je ne voulais pas non plus continuer à surfer sur la vague du chanteur romantique. Non que je regrette cette période de ma vie. Elle m’aura permis de cerner de plus près ce que je voulais faire et, surtout, ce que je ne voulais plus faire. Quand le premier album est sorti, j’étais encore un peu dans le Roi Soleil. Là, il n’y a plus d’apparat, plus de costume, plus rien à travestir. Simplement, des chansons qui s’accumulent et qui, chacune à son tour, apportent une petite pierre à l’album.
C’est vous qui avez changé ou c’est la vie autour de vous ?
Ma vie n’a pas changé, c’est moi qui ai évolué. Quand j’ai démarré le Roi Soleil, j’avais vingt-cinq ans. Aujourd’hui, j’en ai trente. Ça fait toute la différence. Je suis nettement plus à l’aise dans mes pompes. Mais la vraie différence, c’est que je dis clairement les choses.
Votre façon de chanter a-t-elle changé elle aussi ?
Je n’ai pas recherché la performance vocale à tout prix. J’ai pris conscience que ma voix, c’est mon instrument et qu’elle est là pour que je puisse dire des choses. Pas juste pour prouver que je sais chanter. Ce n’est pas ça qui touche les gens. Maintenant, je peux jouer avec ma voix, m’amuser vraiment. Sans me demander tout le temps si je chante juste. Je n’ai plus besoin de “brailler” pour que les gens m’écoutent.
Pourtant, sur des chansons comme “L’adversaire”, vous ne mâchez pas non plus vos mots…
Ça parle des gens qui, pour trouver leur place, passent leur temps à essayer d’écraser les autres. Ces gens qui tapent systématiquement là où ça fait mal pour se rassurer. C’est juste une chanson pour dire que ce genre de choses, ça ne m’intéresse pas. Je ne joue plus.
Sur “Habillez-moi”, vous fustigez ceux qui, trop facilement, collent des étiquettes aux uns et aux autres.
C’est ma réponse à tout ce qu’on peut dire de moi dans la presse people. Aujourd’hui, je suis enfin capable de vivre avec ça. On ne peut pas plaire à tout le monde et puis, être confronté à la critique, ça fait partie de ce métier.
Mais ces critiques, elles vous ont fait souffrir parfois ?
Parfois, ça m’a fait très, très mal. En plus, c’est tellement gratuit. Ça me dépasse. Encore récemment, avec le drame qui a frappé ma famille. (Son frère jumeau est décédé il y a quelques semaines, après avoir été renversé par une voiture, ndlr). Certains magazines se sont permis de sortir des photos de mon frère, alors qu’il venait de partir. Je suis une personne publique, je peux gérer ça. Mais pas mes parents. Je trouve ça très difficile à vivre. Surtout pour des artistes, qui sont généralement des personnes très sensibles. Pourtant, ça ne m’empêchera plus de rester debout et de continuer ma route, à mon rythme.
Vous n’avez jamais été du genre à donner de la voix dans les médias.
Non, ce n’est pas mon truc. Je préfère me taire, ne pas relever, rester très discret. C’est ma façon de rester étranger à tout ça. Comme je le dis dans “Suite et fin”, il suffit de se taire. J’ai enfin appris la patience.